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L’écriture inclusive : une solution pour l’égalité hommes-femmes ?

par | 27 Sep 2017

Sur Europe 1, ce mardi 26 septembre à 8h40, je tombe sur l’interview d’une ardente défenseure / défendeuse / défenderesse de l’écriture inclusive (l’émission doit se trouver parmi les podcasts d’Europe Matin mais je ne l’ai pas trouvée).

L’écriture inclusive : une écriture « non-sexiste » ?

L’écriture inclusive est définie par ses partisans comme « l’ensemble des attentions graphiques et syntaxiques permettant d’assurer une égalité des représentations entre les femmes et les hommes. »[1] En pratique, l’écriture inclusive est un ensemble de règles d’écriture visant à effacer les inégalités homme-femme dans la langue française (et, par extension, dans la société). Par exemple : « les Français·es sont divisé·es sur cette réforme ».

Personnellement je ne vois pas en quoi le fait de massacrer la langue française et de s’user les yeux à déchiffrer des textes devenus illisibles par abus de « points au milieu » pourrait contribuer à réduire l’inégalité salariale (par exemple) entre les hommes et les femmes. Je suis bien consciente du pouvoir du langage et du problème que peut poser le féminin dans la langue française, notamment pour le référencement naturel. Mais qualifier l’écriture inclusive de « non-sexiste » me hérisse : est-ce que moi, femme, travailleur indépendant (« travailleuse indépendante » ?), je vais être accusée de sexisme si je n’adhère pas à ce dogme rédactionnel ?

La question du genre et l’inégalité entre les sexes

Que l’on emploie la forme féminine ou féminisée des mots, chaque fois que c’est possible sans affecter la fluidité verbale, OK. Par exemple, entrepreneure et sculpteure, voire sculptrice, me conviennent. OK également pour l’emploi des mots épicènes (c’est-à-dire neutres, sans connotation de genre, comme ostéopathe, graphiste ou couche-tard).

En revanche, mettre un, voire plusieurs points au milieu des mots et les affubler de terminaisons multiples au prétexte qu’il faudrait appliquer systématiquement un principe linguistique d’égalité des genres me semble non seulement ridicule mais aussi contre-productif. En effet je pense que cela sert plutôt les propos des antiféministes, en leur donnant des raisons de trouver ridicule l’apologie du féminin.

Qui se soucie vraiment que le masculin l’emporte dans les accords grammaticaux ? Alourdir les textes en énonçant systématiquement le terme masculin et le féminin (les Françaises et les Français, les étudiantes et les étudiants…) ne contribuera guère à réduire les inégalités salariales entre hommes et femmes, et n’incitera pas davantage les banquier.ère.s ( ?) à accorder aux femmes un prêt qu’ils ou elles leur refusent alors qu’ils ou elles l’accordent aux hommes, à situation égale.

Refuser l’écriture inclusive, est-ce être réac ?

On peut m’accuser d’être trop attachée aux règles grammaticales que j’ai apprises à l’école (oui, je suis pour l’emploi de l’imparfait du subjonctif lorsque les circonstances le justifient, au nom de la précision du sens, sans pour autant en faire une croisade). Une simplification abusive du langage, une « égalisation » systématique des propositions risquent fort d’aboutir à une certaine uniformisation de style, voire à un appauvrissement de l’expression verbale.

On compare volontiers (et peut-être un peu trop systématiquement depuis quelque temps) les réformes de la langue française à la novlangue (ou au novolangue, les deux genres sont admis comme tradition du newspeak) utilisée comme outil de propagande dans 1984 de George Orwell (voir encadré ci-dessous). Pourtant nul besoin de réforme de l’orthographe pour appauvrir le langage et la pensée dans notre société. A mon avis, l’inconscience et la précipitation avec laquelle on publie, lit et « partage » toutes sortes d’informations vraies ou fausses sur les réseaux sociaux génèrent un effet similaire, d’autant plus effectif qu’il est volontaire.

En réalité c’est davantage mon goût pour la beauté que la rigueur de mon esprit analytique que ces excroissances rédactionnelles agacent. Je me demande ce qu’en auraient pensé nos grands auteurs, en particulier George Sand, Simone de Beauvoir ou même Marguerite Yourcenar – elle qui était contre les étiquettes et qui refusait d’adhérer aux mouvements féministes parce qu’ils se positionnaient « contre », aurait-elle considéré que l’écriture inclusive permettait de se repositionner « avec » ?

Langage, relation, communication

Encore plus que la laideur de la forme, ce qui me dérange beaucoup dans ce principe de lecture inclusive, c’est la perte d’efficacité. La langue ainsi revisitée n’est pas opérationnelle. Communiquer, échanger des idées, se comprendre est déjà assez difficile en respectant les règles grammaticales, orthographiques, typographiques qui constituent le socle d’un langage commun.

La formulation claire d’une pensée requiert des subtilités, de la concentration, de l’attention. De mon point de vue, l’écriture inclusive préconise des complications qui nuisent à une communication claire, qui pour moi est un enjeu majeur de notre temps.

[i] Source définition – En savoir plus sur l’écriture inclusive

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J’écris en respectant les règles d’orthographe, de grammaire et de ponctuation.

J’adapte le style et le contenu des rédactionnels au public et au support.

Novlangue

« Le ou la novlangue (en anglais Newspeak) est la langue officielle d’Océania, inventée par George Orwell pour son roman 1984, publié en 1949.

Le principe est simple : plus on diminue le nombre de mots d’une langue, plus on diminue le nombre de concepts avec lesquels les gens peuvent réfléchir, plus on réduit les finesses du langage, moins les gens sont capables de réfléchir, et plus ils raisonnent à l’affect. La mauvaise maîtrise de la langue rend ainsi les gens stupides et dépendants. Ils deviennent des sujets aisément manipulables par les médias de masse tels que la télévision. »

Source : Wikipédia

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