Article mis à jour le 22 Août 2018
Les réseaux sociaux ont-ils remplacé les forums professionnels ?
Par-delà le levier marketing et l’exploitation BtoB, qu’est-il possible de partager sur les réseaux sociaux, entre professionnels ? Quelle est la nature du lien « social » sur les réseaux sociaux ?
Les forums des années 2000s, espaces virtuels de partages réels
Il y a dix ou quinze ans, les forums thématiques sur internet étaient à la mode. Ils offraient un espace d’échange entre professionnels ou passionnés d’un même sujet. On ne bloguait pas trop alors, ou en tout cas moins qu’aujourd’hui et avec moins d’enjeux marketing, me semble-t-il, et l’ère des réseaux dits sociaux n’était pas encore venue.
Sur certains forums professionnels, on échangeait des astuces techniques, on demandait et donnait des conseils. Entre graphistes, on sollicitait des avis sur un projet en cours, ou bien on montrait quelques-unes de nos créations. Bien sûr cela permettait d’avoir une certaine visibilité entre pairs mais, au moins pour ce que j’en ai connu, l’intention était plus conviviale que commerciale.
A l’occasion aussi on se disputait en ligne, devant l’audience discrète ou bavarde des autres membres du forum. Un coin « papotages » permettait d’échanger sur des sujets plus personnels.
Les modérateurs avaient fort à faire car il n’était pas rare que les discussions personnelles débordassent sur les topics professionnels. Il y avait aussi les « trolls », ces esprits malfaisants dont le sport favori consistait à polluer les sujets des forums en postant une multitude de messages, pas forcément en rapport avec le sujet, sur un ton éventuellement provocateur, susceptibles de créer une polémique ou de faire dévier la discussion du propos initial.
Sur ces espaces virtuels, des liens sociaux, professionnels ou amicaux, se sont créés, dont certains ont perduré par-delà les espaces numériques et les années.
Réseaux « sociaux » : de quelle nature est le lien social en question ?
Aujourd’hui les réseaux sociaux se sont substitués à ces forums en tant qu’espaces de discussion entre individus se connaissant ou non physiquement. Avec le développement des smartphones et la possibilité de se connecter à Internet quasiment partout et tout le temps, publier des textes, des photos, des vidéos sur le web n’a jamais été aussi facile.
D’un point de vue purement linguistique, le terme de « réseaux sociaux » (avez-vous remarqué que l’on peine à employer l’expression au singulier ?) suggère un groupe de personnes rassemblées autour d’une idéologie ou d’un projet commun, suivant les mêmes règles ou poursuivant les mêmes objectifs.
Les réseaux sociaux semblent propices à créer et à entretenir des liens relationnels multiples, tant sur le plan personnel que professionnel. Pour une part, c’est certainement « ce qu’il se passe », comme dirait Twitter (avez-vous remarqué que l’on ne peut plus employer certaines expressions sans avoir l’air de se référer à un média ou à un produit en particulier ?).
Je te like, tu me pokes, on se retweete – mais que partageons-nous ?
Les stratégies pour partager sur les réseaux sociaux font partie de mon travail en web marketing. Pourtant je me suis longtemps tenue éloignée des social medias à titre personnel. Encore aujourd’hui, s’il est possible de me « suivre » (avez-vous remarqué comme ce terme est étrange et semblerait presque incongru dans la vie réelle ?) sur Facebook, LinkedIn, Viadeo, Twitter, Instagram, je partage essentiellement du contenu en rapport avec mon activité professionnelle.
J’aime l’idée de pouvoir échanger des idées ; mais soyons honnêtes : l’objectif principal de ma présence sur les réseaux sociaux est de développer mon réseau professionnel, à l’instar de tant d’autres. Car c’est un fait : les réseaux sociaux sont aujourd’hui abondamment exploités pour leur potentiel marketing, que cette intention soit clairement affichée ou maquillée sous des idées plus généreuses.
Quand je vois le nombre de préconisations publiées par des « influenceurs » suivant des recettes rédactionnelles « qui marchent » (en fait, un peu stéréotypées) pour dévoiler « Trois astuces infaillibles pour avoir plus de followers sur Facebook » (ou autre), et l’espace que tout cela prend sur les fils d’actualités, je me sens perplexe et quelque peu dubitative quant à la nature des liens alimentés par les réseaux sociaux ; et pour tout dire, un peu triste de ce que les « amis » sont devenus.
« Com » comme Communication ou Commercial ?
C’est peut-être l’effet d’une déformation professionnelle dans la mesure où, dispensant des formations sur le référencement et sur l’utilisation professionnelle des réseaux sociaux, je suis naturellement amenée à focaliser mon attention sur ce type de contenu, qui m’est abondamment proposé par les moteurs de recherche.
Mais quand même. L’usage immodéré de ficelles marketing, de hashtags, d’astuces SEO, me donnent parfois l’impression que nous sommes tous à la fois des cibles et des produits marketing que l’on s’arrache sans vraiment prendre la peine de les connaître – les données recueillies par les trackings en tout genre suffisant largement à établir les aspects de nos profils démographiques nécessaires à un matraquage publicitaire plus ou moins bien ciblé (si le mot est aujourd’hui souvent remplacé par communication ou marketing, c’est malgré tout bien de publicité qu’il s’agit).
Partager sur les réseaux sociaux, est-ce complètement fake ?
Bien sûr que non. Probablement pas. J’aimerais éviter de conclure cet article sur des poncifs et des évidences. Voyons.
Quand je songe à ce phénomène et au type de communication induit par les réseaux sociaux, une expression me vient, sous forme d’image : « Prêcher dans le désert ». C’est-à-dire que l’on parle au milieu d’une foule – mais est-on entendu ? Prend-on le temps de s’intéresser à l’autre ? De lui répondre, vraiment ? Y a-t-il véritablement « partage » – d’idées, d’émotions, d’expériences ? La question reste ouverte.
En fait, mon sujet du jour, c’était ça : prêcher dans le désert. D’où l’illustration de cet article. Mais c’était trop peu SEO-friendly, et pas du tout « sexy ».
Je ne dirai pas que « c’était mieux avant ». Il me semble simplement que les discussions sur les-forums-que-les-moins-de-vingt-ans-ne-peuvent-pas-connaître étaient un tantinet moins artificielles ou intéressées. Que l’on prenait davantage le temps de lire, de comprendre et de répondre, de manière plus ou moins développée. Qu’il y avait débat. Que l’on se cachait un peu moins (même si l’on se cachait déjà) derrière une identité virtuelle.
Mais « ceci est une autre histoire, qui sera contée une autre fois »1.
1. L’écrivain Michael Ende termine par cette formule de nombreux chapitres de son roman L’Histoire sans fin (1979).
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Prêcher dans le désert
Cette expression date du XVIIIe siècle. Il s’agit d’une image où parler dans le désert, zone aride et inhabitée, revient à ne parler à personne et implicitement à ne pas être entendu ou bien compris, même si l’on est entouré.
Une idée ?!
Vite...
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