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Fonction symbolique des images et identification projective

par | 10 Avr 2017

Fonction symbolique des images et confusion des genres

Les images jouent un rôle crucial dans la communication, en politique comme dans le monde des affaires. D’ailleurs, dans notre société du spectacle (saluons la formulation visionnaire de Guy Debord, inventeur du concept en 1967) les différences entre les deux tendent à s’effacer et la chose publique tend à devenir un programme de divertissement comme un autre.

Il n’y a certainement pas lieu de s’en réjouir, car cela reflète une certaine confusion entre les missions et obligations des organismes publics et les enjeux des entreprises privées. Dans notre environnement très visuel, la fonction symbolique des images est toujours agissante, quelle que soit la nature ou la légitimité de l’objectif.

Nous (graphistes et communicants de toutes spécialités) sommes des faiseurs d’images, des créateurs de sens. Par-delà les enjeux économiques, nous poser la question de l’impact des images et de ses conséquences sur la vie publique pourrait relever de la même vigilance que celle que l’on attend, par exemple, des constructeurs automobiles relativement à la pollution par les particules fines.

Des caricatures qui font sourire mais aussi réfléchir

En cette période électorale, Improbables Librairies, improbables bibliothèques a partagé sur sa page Facebook un montage photo assez drôle (cf. image ci-dessus, visuel reformaté), associant chaque candidat à la présidentielle à une marionnette du Muppet Show. Outre La Société du spectacle de Guy Debord, ce montage et l’ensemble de la campagne présidentielle rappellent à ma mémoire quelques textes fondateurs de la sémiologie, dont les Mythologies de Roland Barthes. Voici donc quelques extraits du chapitre des Mythologies intitulé Photogénie électorale, à titre de rappel ou d’appel (citoyen) à la vigilance dans la lecture et l’utilisation des images.

Miroir, mon beau miroir…

« Dans la mesure où la photographie est ellipse du langage et condensation de tout un « ineffable » social, elle constitue une arme anti-intellectuelle, tend à escamoter la « politique » (c’est-à-dire un corps de problèmes et de solutions) au profit d’une « manière d’être », d’un statut socialo-moral (…) »

« La photographie électorale est donc avant tout reconnaissance d’une profondeur, d’un irrationnel extensif à la politique. Ce qui passe dans la photographie du candidat, ce ne sont pas ses projets, ce sont ses mobiles, toutes les circonstances familiales, mentales, voire érotiques, tout ce style d’être, dont il est à la fois le produit, l’exemple et l’appât. Il est manifeste que ce que la plupart de nos candidats donnent à lire dans leur effigie, c’est une assiette sociale (…) Naturellement, l’usage de la photographie électorale suppose une complicité : la photo est miroir, elle donne à lire du familier, du connu, elle propose à l’électeur sa propre effigie, clarifiée, magnifiée, portée superbement à l’état de type. C’est d’ailleurs cette majoration qui définit très exactement la photogénie : l’électeur se trouve à la fois exprimé et héroïsé, il est invité à s’élire soi-même, à charger le mandat qu’il va donner d’un véritable transfert physique : il fait délégation de sa « race ». »(1)

Archétypes et images mentales

« Les types de délégation ne sont pas très variés. Il y a d’abord celui de l’assiette sociale, de la respectabilité, sanguine et grasse (listes « nationales »), ou fade et distinguée (listes M.R.P.). Un autre type, c’est celui de l’intellectuel (je précise bien qu’il s’agit en l’occurrence de types « signifiés » et non de types naturels : intellectualité cafarde du rassemblement national, ou « perçante » du candidat communiste. Dans les deux cas, l’iconographie veut signifier la conjonction rare d’une pensée et d’une volonté, d’une réflexion et d’une action (…) Le dernier type, c’est tout simplement celui du « beau gosse », désigné au public par sa santé et sa virilité. Certains candidats jouent d’ailleurs superbement de deux types à la fois : d’un côté de la feuille, tel est jeune premier, héros (en uniforme), et, de l’autre, homme mûr, citoyen viril poussant en avant sa petite famille. Car le plus souvent, le type morphologique s’aide d’attributs fort clairs : candidat entouré de ses gosses (…), officier bardé de décorations. La photographie constitue ici un véritable chantage aux valeurs morales : patrie, armée, famille, honneur, baroud. »(1)

Être conscient de son image

Pour les entreprises aussi, faire les bons choix iconographiques est un enjeu important de la communication. Le type d’image (photographie, illustration, infographie…), son format, sa qualité, ses couleurs, sa symbolique – tout a son importance, car chacun de ces éléments participe au sens global et donc à la représentation que le public se fera de l’entreprise à travers ses différents supports de communication imprimés et sa présence sur internet (site web, réseaux sociaux…).

 

(1) Extraits de Mythologies, Roland Barthes, Editions du Seuil, 1957, pp. 161-162.

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