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Signalétique et lisibilité : « Les Éclaireurs » à Avignon, une exposition éclairée ?

par | 25 Mai 2017

L’Afrique sous les feux des projecteurs à Avignon

L’Afrique est à l’honneur à Avignon cette année. En attendant de découvrir les artistes de scène qui seront présents en juillet 2017 au Festival d’Avignon, on peut déjà s’immerger dans la culture africaine en visitant l’exposition Les Éclaireurs au Palais des Papes et dans plusieurs autres lieux culturels avignonnais jusqu’en janvier 2018.

Toutefois, pour l’amateur éclairé ou non, cette expérience pourrait bien s’avérer quelque peu décevante ou du moins poser question. J’ai visité cette exposition avec Myrtille Béal, une amie artiste et galeriste, diplômée comme moi de l’école des Arts Décoratifs de Strasbourg (aujourd’hui HEAR). Pour des raisons légèrement différentes, nous avons toutes deux été passablement irritées par cette exposition et sa scénographie.

Le potentiel muséal du Palais des Papes pas vraiment exploité

Les choix qui ont été faits au Palais des Papes, tant au niveau artistique que scénographique, sont en effet discutables (je précise que je n’ai pas encore vu les autres volets de l’exposition, ayant lieu simultanément en plusieurs lieux). Mes commentaires et ceux de mon amie Myrtille Béal concernent donc uniquement le volet visible au Palais des Papes.

C’est toujours agréable de visiter une exposition au Palais des Papes. C’est l’occasion en même temps de redécouvrir un espace magnifique, chargé d’histoire, joyau du patrimoine culturel avignonnais.

Une exposition qui laisse perplexe, tant sur la forme que sur le fond

Notre critique de cette exposition porte essentiellement sur deux points.

Myrtille Béal, sculptrice, directrice de la galerie Art’Course à Strasbourg et amatrice d’art africain, interroge ci-dessous quelques aspects concernant le choix des œuvres. Elle est rompue à l’exercice consistant à analyser, choisir et mettre en valeur des œuvres d’art, en particulier des sculptures, pour les rendre visibles aux yeux du public tout en rendant lisibles une histoire, un sens.

Quant à moi, j’émets des réserves concernant la signalétique de l’exposition. J’ai une pratique professionnelle de graphiste de plus de quinze ans. Ma première spécialité a été la Publication Assistée par Ordinateur, domaine auquel on peut rattacher la signalétique puisqu’il concerne, en fait, tout ce qui s’imprime.

Une signalétique peu lisible ou inadaptée au lieu

J’ai été surprise, voire agacée, par ce qui est à mes yeux un manque de clarté et de lisibilité de l’ensemble de la signalétique de cette exposition. Le meilleur exemple en est le cartel accompagnant chaque œuvre, dont la fonction est d’informer. Chez Les Éclaireurs du Palais des Papes, ces cartels donnent le titre de l’œuvre, le nom de l’auteur et des informations biographiques sur celui-ci, ce qui permet de situer l’œuvre dans le paysage artistique et dans le processus créatif de l’artiste. Du point de vue du contenu, cela fonctionne.

En revanche, ces cartels sont à peu près totalement illisibles dans le contexte. Imaginez une feuille A4 mais en métal. Le choix du support est correct en soi : un chevalet en tôle pliée. Personnellement, j’aime bien ce genre d’objet et de matériau, dont je trouve l’esthétique plutôt élégante. L’inconvénient ici est, en premier lieu, que ce cartel est posé au sol, ce qui le place (trop) loin du regard du visiteur. L’importance d’une composition pertinente sur ces cartels en est accrue, afin de les rendre malgré tout bien lisibles.

Signalétique et lisibilité : deux termes indissociables

La conception et la mise en page de ces cartels-chevalets ont été réalisés au mépris des contraintes propres à la signalétique et à ses usages. Sur une surface d’un format A4 (21 par 29,7 cm) ou approchant, le texte est écrit en blanc sur fond noir, dans une police de type Serif (avec empattements) avec jambages fins, dans un corps trop petit pour être lu à cette distance (cartel posé au sol devant l’œuvre concernée).

De plus, sur le support est en tôle et le fond est légèrement granuleux. Du fait de la technique d’impression utilisée, probablement un genre de sérigraphie, le grain du support fait perdre de leur netteté aux caractères, qui du reste sont vraiment fins – trop fins pour être lisibles dans ces conditions.

La composition, visible sur le visuel en illustration de cet article, est plutôt agréable, s’agissant d’une page de catalogue d’exposition. Mais pour un cartel d’exposition, posé au sol, dans un environnement à la lumière atténuée, c’est inapproprié. En fait c’est totalement illisible.

Autorisation de toucher ou interdiction de voir

De ce fait, passé un temps de retenue propre au respect de l’interdiction habituelle de toucher les œuvres et leur dispositif d’accrochage dans les lieux d’exposition, on finit par se pencher ou se baisser pour ramasser le cartel afin l’approcher des yeux pour pouvoir le lire ; le lire ou plutôt le déchiffrer car, même de près, dans ces conditions d’éclairage, ce n’est pas chose aisée.

Au bout d’un moment d’ailleurs on renonce à cet effort. C’est doublement regrettable car, s’il s’agissait de mettre les artistes africains en lumière, ces Éclaireurs n’adoptent ni ne proposent un point de vue très éclairé.

Une vision limitante de l’art contemporain et des artistes africains

Par ailleurs, Myrtille Béal souligne de manière éloquente la vision limitante de l’art africain exposée au Palais des Papes :

« Après l’événement magnifique intitulé Africa Remix au Centre Pompidou en 2005 et les expositions dédiées à la force créatrice des artistes africains contemporains à la Fondation Cartier comme Beauté Congo en 2015, il est surprenant de constater que l’exposition Les Éclaireurs à Avignon en 2017 enferme les artistes de ce continent dans des stéréotypes d’un autre temps. Ils ne feraient que dans la récupération ? Que souhaite montrer la collection de sculptures de la Fondation Blachère ?

Des sculptures mises de côté contre les murs ou derrière une porte comme si les commissaires de l’exposition avaient hésité à les montrer. La visite du Palais des Papes ne nous donne absolument pas envie de poursuivre le parcours proposé. Lors de l’exposition Les Papesses en 2013 à Avignon, les sculptures ont pu bénéficier d’une scénographie réfléchie et ambitieuse alors que pour Les Éclaireurs, la lumière s’est éteinte. Ousmane Sow, même mort, doit se sentir blessé. »

Mais allez voir l’expo quand même !

Il y a toujours des découvertes intéressantes…

C’est au Palais des Papes à Avignon jusqu’au 14 janvier 2018 (voir affiche ci-dessous).

Logo, vitrine, roll-up, enseigne…

Pour vos besoins en signalétique, je peux vous faire une proposition adaptée au contexte, à vos objectifs et à votre budget.

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